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Le rêve d'un rêve. Chapitre 11 : Séville, dernière étape avant Monchique

  • StanislasMleski
  • 15 juin 2023
  • 14 min de lecture


Ils avaient quitté le camping à 7 heures. Maurice en bon capitaine avait calculé l’itinéraire en détail. Ils prendraient l’autoroute qui longe le Portugal jusqu’à Seville pendant 462 kilomètres et feraient étape dans cette ville pour rejoindre le lendemain Monchique distante de 268 kilomètres. Ils avaient déposé Estela à l’entrée de Salamanque . Elle était sortie rapidement de la voiture pour éviter les effusions déchirantes de l’adieu et s’était enfoncée sans se retourner vers la vieille ville. Un soleil doré éclairait les vieux bâtiments pendant qu’elle marchait fragile mais courageuse vers son nouveau destin. Maurice avait du mal à démarrer et des larmes discrètes coulaient de leurs yeux. Le voyage avait été pénible sur cette autoroute où les autres conducteurs klaxonnaient et les injuriaient parce qu’ils ne roulaient pas assez vite sur cet axe fréquenté mais Maurice les ignorait et conduisait imperturbablement son équipage à 90 kilomètres/heure. Ils s’étaient arrêtés trois fois et le trajet avait été interminable si bien qu’ils n’étaient arrivés que vers 16 H aux portes de Séville. Maurice avait profité d’un embouteillage pour s’arrêter à une station afin de faire le plein d’essence pour le lendemain et c’est à cette occasion qu’il constata qu’ils n’avaient presque plus d’argent. Un peu embarrassé, il en fit part aux walkyries ajoutant qu’il était préférable de faire une provision de billets à Séville car il pensait qu’il n’y avait que très peu de distributeurs dans la région de Monchique. Les deux filles rigolèrent et prirent chacune leur grand sac en bandoulière oubliant d’en retirer leurs armes . Ils étaient garés à côté d’un pont qui enjambait le Guadalquivir d’où elles pouvaient apercevoir la silhouette imposante de la cathédrale dont la masse écrasante dominait toute la ville. Elles le traversèrent et se dirigèrent vers la cathédrale en espérant trouver des distributeurs dans ce quartier animé. Leur intuition était la bonne car elles firent leur moisson de billets Au retour, elles passèrent devant l’entrée du monument et y entrèrent par curiosité pour découvrir l’intérieur de l’impressionnant édifice . Elles restèrent ébahies devant le mur en or du retable. Un guide de la cathédrale qui avait repéré les deux géantes s’approcha d’elles pour leur proposer une visite payante et les aborda avec ce commentaire : - Il s’agit du plus grand et plus riche retable du monde. Il mesure 20 mètres de haut, est entièrement recouvert d’or et composé de 45 panneaux qui représentent la vie du Christ. - Il doit être très riche votre roi pour offrir un tel ouvrage à son dieu, fit observer Brunnehilde - En fait tout cet or a été volé aux Aztèques et aux peuples d’Amérique que nous avons exterminés ou réduits en esclavage répliqua le guide avec cynisme, ajoutant que c’était avec l’inquisition la face cachée de nos rois catholique. Gudrun qui avait du mal à suivre demanda : - Qui est ce Christ ? Le guide répondit les yeux écarquillés : - Mais c’est le fils de dieu ! - Un peu comme Thor et Odin expliqua Brunnehilde Leur accompagnateur blêmit et leur chuchota qu’elles ne devaient pas parler aussi fort car l’inquisition avait des oreilles partout et qu’elles couraient un grand danger . Les deux walkyries qui ne comprenaient pas ce qu’il disait ne prêtèrent aucune attention à ses conseils de prudence et lui tournèrent les dos pour sortir. Mais il leur barra le passage et en les menaçant : - Je vous dénonce à l’inquisition si vous ne me donnez pas 500 euros pour mon silence. Brunnehilde bloqua le bras de Gudrun qui s’apprêtait à le frapper. Elle ne voulait pas d’incident susceptible de compromettre leur mission et plongea dans le sac pour lui tendre une poignée de billets avant de s’éclipser par la première sortie. Le parvis était noir de monde. Des cris de douleur provenaient d’un endroit enfumé. Brunnehilde s’approcha alors que Gudrun restait prudemment en retrait. Elle fendit la foule et resta stupéfaite devant le spectacle de trois hommes et d’une femme qui brulaient vifs. Un moine le visage caché sous une capuche et cinq soldats lourdement armés dirigeaient l’exécution. Indignée elle demanda au moine quels crimes avaient commis ces suppliciés. Il se tourna vers elle son visage dévoré par des yeux noirs fanatiques en vociférant que c’étaient des hérétiques et une sorcière. Elle eut l’imprudence de lui demander ce qu’étaient des hérétiques et il daigna lui répondre que c’étaient ceux qui ne croyaient pas au vrai dieu ce qui suscita la réflexion de la walkyrie : - Si je comprends bien votre dieu vous commande de voler l’or des peuples que vous réduisez en esclavage et de torturer ceux qui ne pensent pas comme lui. Le moine lui jeta un regard fou et hurla : - C’est une sorcière, emparez-vous d’elle ! En même temps l’ ordure de guide surgit de la cathédrale en criant : - C’est une hérétique, je peux témoigner ! Il savait bien entendu que l’inquisition rémunérait richement les délateurs. Brunnehile qui avait du mal à jauger la situation fut immobilisée par cinq lances pointées sur sa gorge. Heureusement Gudrun était restée en arrière et disposait de son arc dans son sac. Elle abattit trois soldats en une fraction de seconde et l’effet de surprise permit à sa sœur de s’emparer des lances des deux autres guerriers et de les embrocher. Le moine tenta de déguerpir mais elle le rattrapa par sa capuche. En même temps, le guide félon reçut une flèche qui lui traversa la gorge. L’air sentait la chair brûlée et les hurlements de douleur des suppliciés traversaient les nuages noirs qui recouvraient la place. Brunnehilde fit signe à sa sœur d’abattre les malheureux torturés par le feu qui les dévorait afin d’abréger leurs souffrances. Puis elle souleva à bout de bras le moine qui tremblait de tous ses membres et le lança dans le brasier. Sa robe s’embrasa immédiatement et il disparut en quelques secondes dans les flammes . La foule hystérique criait et s’agitait . Un homme s’approcha de Brunnehilde pour lui glisser à l’oreille : - Merci pour ce que vous avez fait. La « sorcière » était ma mère. Mais maintenant sauvez-vous parce que ces fous sanguinaires sont nombreux et vous pourchasseront dans toute la ville . Les deux walkyries s’éclipsèrent et rejoignirent Maurice qui s’était endormi sur le volant : - Réveille toi, il ne faut pas rester dans cette ville de fous, on part directement à Monchique. On t’expliquera.. Maurice démarra sur les chapeaux de roue et s’engouffra sur l’autoroute qui menait au sud du Portugal . Ils parcoururent en trois heures les 268 km qui les séparaient de la bretelle d’autoroute qui rejoignait la route de 30 km qui aboutissait à leur destination. Il était un peu plus de 20 H et Maurice décida de s ‘arrêter pour la nuit dans un chemin de forêt pour se reposer mais aussi parce qu’il ne voulait pas arriver de nuit et se priver du lever de soleil sur les collines de la sierra. Le lendemain matin, il prit plus de temps que d’habitude pour se préparer et choisit son plus beau polo pour arriver dans cet endroit si désiré pendant tant d’années. Il avait organisé toute la journée : d’abord une visite à la ferme pour rencontrer sa soeur et ses neveux, ensuite un déplacement au cimetière pour se recueillir sur la tombe de ses parents et de son frère et enfin le but ultime la maison de Luana. Ils empruntèrent la petite route qui serpentait entre les collines et leur première surprise fut de découvrir un complexe hôtelier de plusieurs centaines de chambres qui recouvrait une grande partie de la première montagne. Maurice était stupéfié et désolé : - Mais c’était une magnifique forêt de chênes lièges, la préférée de mon père. Brunnehilde qui présentait les déceptions qui l’attendaient lui demanda : - Depuis combien de temps n’es-tu plus revenu ici ? - Depuis que Luana s’était mariée en 1970 - Mais tu n’as pas assisté aux funérailles de tes parents ? interrogea Gudrun - Non et je n’en suis pas fier répondit Maurice attristé . Mon frère est mort à l’armée pendant la guerre de libération du Mozambique et son corps a été rapatrié plusieurs semaines plus tard . J’ai appris la mort de mon père un mois après son enterrement et je n’avais pas assez d’argent pour payer le voyage et assister aux funérailles de maman. Encore aujourd’hui j’en ai honte. Un silence pesant régna quelques instants dans la voiture. Ils traversèrent la petite ville de Monchique pour rejoindre la ferme qui était située à flanc de colline . Maurice annonça avec gaieté : - C’est après le prochain virage ! L’équipage amorça péniblement le dernier lacet et tous les trois restèrent stupéfaits La ferme n’existait plus remplacée par un hôtel de mauvais goût à l’affiche clinquante « Monchique Palace ». Maurice gara sa voiture mais une mégère surgit de l’entrée de l’hôtel en vociférant que le stationnement était réservé aux clients. C’était la sœur de Maurice. il bondit de la voiture pour l’embrasser mais le femme eut un mouvement de recul. Manifestement elle ne le reconnaissait pas. Il lui dit qu’il était Maurice, son petit frère, pour qu’elle accepte de l’embrasser avec réticence. Elle glissa : « Ca fait si longtemps . » sans manifester aucun sentiment et concéda à l’inviter à entrer en appelant en même temps son mari d’un air contrarié : - Bernardo, Maurice est revenu. Les deux walkyries se dissimulèrent dans la caravane pour se tenir à l’écart de ces singulières retrouvailles familiales. Un personnage obèse avec une moustache en bataille et des cheveux gominés éructa : - Il vient récupérer son héritage. Maurice n’y avait jamais pensé mais l’attitude de ce goujat lui rappela que la succession de ses parents n’avait jamais été liquidée. Il fit remarquer qu’ils auraient pu au moins lui demander son avis ce qui déchaîna les vociférations du couple et plus particulièrement de sa sœur : - Monsieur disparaît pendant 50 ans et débarque pour nous voler notre travail ! - Mais je n’ai rien réclamé, répondit Maurice désarçonné par leur attitude - Pas encore mais on te voit venir, sinon que serais tu venu faire ici répliqua l’ignoble Bernardo. Alertées par des éclats de voix, elles étaient sorties de la caravane. Quand il les vit le beau frère hystérique hurla : - En plus il voyage avec deux putes ! Les walkyries comprenaient le sens de cette injure et la bouillante Gudrun s’avança vers lui mais Maurice la retint et ordonna - Partons, je crois que nous n’avons plus rien à nous dire. L’ignoble en profita pour en rajouter une couche : - Je vous virerai à coups de fusil si vous revenez. Ils ne prêtèrent aucune attention à cette menace et quittèrent l’endroit. L’explication appartenait à Maurice : - Je suis resté absent trop longtemps. Le cimetière de Monchique était un de ces endroits où l’on rêve d’être enterré. Il était perdu dans la nature luxuriante au sommet d’une petite colline. Le calme qui régnait n’était troublé que par le bruit de la nature et il s’en dégageait une impression de sérénité parfumée par les fleurs de printemps. Maurice poussa la grille avec émotion. Les tombes toutes tournées dans le même sens étaient entretenues et couvertes de fleurs à l’exception d’une seule qui se démarquait des autres. Elle était dépourvue de pierre tombale en marbre ou en granit, constituée de bordures en béton qui entouraient un jardinet envahi de mauvaises herbes et complétée d’une croix décrépie . Elle était manifestement abandonnée. Maurice qui présentait que c’était celle de sa famille se précipita vers la sépulture. Les noms des défunts étaient effacés par la crasse qu’il gratta de ses mains. C’était bien la tombe familiale et il s’effondra en larmes dans lesquelles se mêlaient l’émotion de voir la dernière demeure des siens et la tristesse du mépris de leur mémoire. Les deux walkyries l’avaient affectueusement pris par le bras et tentaient de le consoler : - Les tiens sont dans votre walhalla et sont bien éloignés de cet endroit. - Détrompe toi, les humains survivent à leur mort par le souvenir qu’ils ont laissé dans la mémoire des vivants. Le respect de la mémoire d’un défunt traduit la considération dont il jouissait de son vivant. L’abandon de sa tombe constitue un outrage à sa mémoire car il signifie que sa vie ne méritait pas qu’on s’occupât de lui après sa mort. Cette sépulture délaissée signifie pour les autres habitants du village et pour tous ceux qui le connaissaient que mes parents sont méprisés par leurs enfants ce qui ternit leur image dans la mémoire collective. - Je ne supporte pas cette situation et ils me le paieront. C’était la première fois que les walkyries voyaient leur ami s’énerver. Il décida de nettoyer et de fleurir cette tombe immédiatement avec les moyens que leur offrait l’environnement. Ils balayèrent la crasse avec des branchages, arrachèrent les mauvaises herbes qu’ils remplacèrent par des fleurs sauvages. La remise en état achevée Maurice s’agenouilla et pria. Les deux sœurs se retirèrent pour le laisser seul avec ses morts. Il revint quelques minutes plus tard un peu plus serein d’avoir accompli son devoir mais inquiet pour l’avenir : - Ces deux déceptions ne présagent rien de bon. Je suis parti depuis si longtemps que les gens m’ont oublié. La roue a tourné et c’est maintenant que je mesure mon inconscience : Luana est peut être décédée ou tout simplement heureuse avec son mari préparant des tartines de Nutella pour ses petits enfants. - Ne sois pas pessimiste l’encouragea Brunnehilde - J’ai presque envie de rentrer chez moi pour éviter une nouvelle déception. - Non, reprit Gudrun, tu ne peux pas abandonner aujourd’hui le rêve qui éclairait toute ta vie. Tu dois affronter la réalité telle qu’elle a été façonnée par l’histoire et y retrouver ta place. Maurice serait reparti sans l’intervention des filles mais elles avaient raison de le pousser à affronter son destin. Après tout il lui restait toujours la possibilité de se suicider si le rêve explosait en illusions. Il remonta dans sa Laguna avec la tête de ceux qui vont au devant d’une catastrophe . La maison de Luana était située sur la colline en face du village au bord d’une route qui serpentait dans la montagne. Maurice était si tendu qu’il cala le moteur de la voiture dans un lacet. Le poids de la caravane tira l’ensemble vers le vide jusqu’à ce qu’il se ressaisisse en relançant le moteur. Il était prêt à craquer et ne supportait plus la pression de l’ évènement. Son cœur battait si fort et si vite qu’il allait lui traverser la poitrine. Il s’arrêta sur un terre-plein après un dernier virage, tendit le doigt vers une villa en partie dissimulée dans la végétation : - C’est là. C’était une grande maison ancienne toute en longueur avec un seul étage et des pièces en enfilade tournées vers la sierra. Elle était construite de vieilles pierres sur un terrain plat au sommet de la colline d’où on apercevait la mer au loin. Un jardin luxuriant l’entourait et un arbre flamboyant explosait de couleurs devant la terrasse. Les seuls voisins étaient des forêts de chênes lièges à perte de vue. C’était un endroit fascinant de beauté et de sérénité. Le silence régnait dans la voiture. Maurice était tétanisé et les walkyries muettes attendaient ses instructions. Il prit la parole après d’interminables secondes : - Je suis incapable d’y aller car j’ai pris conscience ce matin de la folie de ma démarche. J’ai traversé l’Europe pour poursuivre une chimère. Comment une femme pourrait-elle conserver pour moi des sentiments après 50 ans de silence simplement parce que nous avons échangé des baisers d’adolescent ? - Tu les a bien gardées ces émotions, pourquoi pas elle ? répliqua Brunnehilde Gudrun trouva la solution : - Nous pouvons observer discrètement la situation. Maurice soulagé accepta cette proposition. Les deux walkyries bondirent de la voiture et disparurent dans la végétation. Il attendit leur retour comme un condamné la sentence de la cour d’assises. Dès qu’elles réapparurent il scruta l’expression de leurs visages, leur démarche pour y trouver des signes d’optimisme ou de déception. Brunnehilde s’assit à côté de lui et lui prit tendrement la main : - Ce n’est ni bon ni mauvais. La maison est fermée mais pas abandonnée. Nous avons eu la chance de tomber sur un ouvrier qui entretenait le jardin et nous l’avons fait parler. Au début il était un peu agressif et nous a demandé de déguerpir en vociférant qu’il n’avait rien à nous dire quand nous l’avons interrogé à propos de Luana. Alors nous l’avons un peu effrayé en l’accrochant à un arbre avec ses bretelles et en menaçant de la frapper. - Et alors ? demanda Maurice au bord de la crise cardiaque - Il entretient le domaine pour le compte du docteur Domingues qui attend que sa femme meure pour vendre la propriété à un promoteur immobilier. - Et Luana ? - Il ne savait pas grand-chose si ce n’est qu’elle était très malade et internée dans une institution spécialisée près de Lisbonne. Le visage de Maurice s’éclaira : - En tout cas, elle n’est pas morte et elle est séparée de son mari. Brunnehilde l’embrassa sur la joue : - Ton rêve n’est pas brisé, il ne reste plus qu’à la retrouver. Commençons par enquêter dans le village et en priorité chez ta sœur. La caravane n’était pas encore garée sur le parking de l’hôtel que la sœur de Maurice surgit de la réception en hurlant comme une furie bientôt suivie par Bernardo avec son fusil et qui eut la mauvaise idée de viser Maurice. Une flèche tirée par Gudrun lui traversa le bras. Il cria de douleur et laissa tomber l’arme. Sa femme hurla pour ameuter le village mais Brunnehilde la calma instantanément en pointant son épée sur sa gorge. Comme toujours Maurice synthétisa : - Nous venions pour discuter mais vous nous avez obligé à nous défendre. Rentrons ! Ils étaient installés autour d’une table dans la salle de restaurant déserte. Gudrun avait soigné Bernardo en arrachant sa flèche qui n’avait traversé que le gras du bras, désinfectant la plaie avec le premier alcool trouvé dans le bar. L’ambiance était pesante. Maurice conduisit la conversation avec autorité : - Premièrement je suis indigné par l’outrage que vous avez commis à la mémoire de mes parents et de mon frère en négligeant leur sépulture. Je veux que vous leur fassiez édifier un monument funéraire et que vous l’entreteniez. - Mais nous n’avons pas les moyens de payer tout ça ! l’interrompit sa soeur Maurice très en colère lui répondit : - Je vais être clair avec vous. La succession de nos parents n’a pas été liquidée et je suis donc propriétaire de la moitié du terrain et de tout ce qui a été construit . Il laissa s’écouler quelques secondes pour insister sur la phrase qui s’annonçait : - Ce qui signifie que je suis copropriétaire de votre hôtel et que j’exigerai la moitié de sa valeur si vous ne vous ne respectez pas la mémoire des morts de ma famille dans les conditions que j’ai décrites Les deux autres restèrent bouche bée et acquiescèrent de mauvaise grâce. Maurice ajouta : - Je serai impitoyable et vérifierai tous les ans. Il leur laissa quelques instants pour récupérer et aborda le deuxième sujet : - Que savez vous de Luana et de sa famille ? Bernardo prit la parole : - Elle a disparu de Monchique en même temps que toi. On dit dans le village qu’elle a épousé un médecin de Lisbonne et qu’elle a été très malheureuse. Elle serait malade et internée dans un hôpital psychiatrique ; son mari voudrait vendre la maison de Monchique mais elle refuse de signer et il attend sa mort pour hériter de son patrimoine. Je ne sais rien de plus. Ainsi sa Luana était en danger prisonnière d’un sadique. Maurice se sentit animé d’une énergie incroyable pour voler à son secours et reconstruire son rêve. Les deux ignobles se croyaient libérés mais il reprit : - Encore une question : je voudrais savoir quel est le nom de l’homme qui entretient la maison du Docteur Domingues et son adresse. - C’est Alfonso, un type du village qui habite au bout de la rue Salazar répondit son beau-frère. - Et bien on y va décréta Maurice qui quitta la pièce sans les saluer . Alfonso Gomez avait fini son dîner et s’était installé dans son canapé pour regarder son film porno de la soirée. Sa femme l’avait quitté il y a deux ans et depuis il avait largement compensé son absence par des amours virtuels avec des créatures de rêve. Le bruit de la sonnette l’avait fortement contrarié et il était allé ouvrir avec la ferme intention d’évincer l’importun qui osait le déranger. En apercevant la silhouette de Gudrun il avait tenté de refermer la porte mais elle avait donné un coup d’épaule qui l’avait envoyé valser sur son canapé. Maurice l’avait rassuré en lui disant qu’ils venaient pour parler d’affaires au moment où l’actrice porno braillait comme une truie qu’on égorge. Les deux walkyries éclatèrent de rire et Brunnehilde démolit la télé d’un coup de pied pour ramener une ambiance plus propice à la négociation. Maurice prit la parole : - Je veux l’adresse du docteur Domingues car j’envisage d’acheter la maison. L’autre répondit qu’il ne l’avait pas, Gudrun fit semblant de se fâcher mais Maurice débloqua la situation en lui proposant 2 000 euros pour le renseignement ce qui lui permit de se souvenir qu’elle figurait sur les bulletins de paye . Il fouilla dans un carton pour en exhumer un document taché de graisse : - Il habite 3, rue du Roi Navigateur à Lisbonne ! Maurice lui donna son argent et Alfonso leur précisa pour le compte que le docteur participait à un congrès et serait encore absent pendant une semaine. Ils connaissaient maintenant leur nouvelle destination.


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