Le rêve d'un rêve. Chapitre 9 : Un dîner avec le Cid
- StanislasMleski
- 16 févr. 2023
- 13 min de lecture

Estela les attendait ravie de passer une après-midi à Burgos. Elle avait emprunté la voiture de son père car Garcia avait refusé de lui prêter sa nouvelle Seat.
La grande ville n’était qu’à quelques kilomètres de la ferme mais elle ne s’y rendait que rarement. Elle était cantonnée aux travaux domestiques et au service de son mari qui se réservait les déplacements dans la capitale provinciale.
Les flèches en gothique flamboyant de la Cathédrale s’élevaient vers le ciel comme une prière et dominaient les ruelles de la vieille ville qui étaient envahies de boutiques de luxe. Les deux walkyries étaient impatientes de rendre hommage à l’un des plus célèbres guerriers de l’ histoire Le Cid qui était inhumé avec Chimène dans la cathédrale mais Estela s’arrêtait devant chaque vitrine .
Les walkyries qui l’adoraient respectaient son rythme mais ne comprenaient pas son attitude et s’ennuyaient. Brutalement Estela poussa de petits cris . Gudrun, inquiète, se précipita vers elle mais elle la rassura aussitôt :
- Je viens de voir les deux rêves de ma vie !
- Mais je croyais que les rêves restaient dans la tête, observa Gudrun.
- Jusqu’au moment où ils se réalisent rétorqua Estela et là j’ai devant moi des sacs Vuitton et derrière moi une boutique de chaussures Louboutin. Ce sont deux articles dont toutes les filles ont envie.
- Et bien rentre dans les magasins et prends les ! dit Brunnehilde qui s’était mêlée à la conversation
- Mais de ma vie je n’aurai jamais assez d’argent pour acheter l’un ou l’autre ! répondit-elle dépitée.
Les deux walkyries échangèrent un clin d’œil et Brunnehilde lui glissa à l’oreille :
- Rentre dans les magasins, choisis tes deux cadeaux, nous te ramenons de l’argent.
Estela impressionnée pénétra dans la maroquinerie comme si elle avait rendez vous avec le pape. Elle repéra rapidement le modèle qu’elle convoitait mais fit semblant d’hésiter pour laisser le temps d’arriver à ses copines . Le vendeur commençait à s’énerver quand Gudrun arriva essoufflée et lui glissa une énorme liasse de billets dans la poche.
Il restait encore à acheter les chaussures I
La boutique Louboutin était située en face de l’autre, mais le choix était plus complexe, le modèle, la taille du chausson, la hauteur des talons, la couleur etc...
Le temps s’écoulait et les deux géantes qui ne voulaient surtout pas gâcher le plaisir de leur copine en précipitant son choix décidèrent de l’abandonner pour prendre le temps de visiter le monument. Elles lui fixèrent un rendez vous une heure plus tard à l’entrée de l’édifice .
Les deux guerrières débouchèrent sur la cathédrale en sortant d’une ruelle étroite et se trouvèrent nez à nez avec le gigantesque bâtiment, écrasées par sa puissance et sa majesté.
Elles n’avaient jamais rien vu d’aussi beau. Les deux flèches en face d’elles, en tissus de dentelle, tendaient leurs bras vers le ciel. Des hommes en pierre, des anges et des démons ornaient la façade.
Rien de tel n’avait été construit pour Odin qui n’était peut-être qu’un petit dieu minable par rapport à une divinité comme celle à laquelle était dédiée cette splendeur.
Elles pénétrèrent dans la bâtiment en pensant qu’il était exclusivement consacré au Cid ce guerrier dont la réputation avait franchi les murailles du walhalla mais elles furent désorientées par la multitude de tombeaux et de chapelles de personnages illustres. Ne sachant pas lire, elles n’avaient aucun moyen de l’identifier.
Elles demandèrent à plusieurs touristes mais ils ignoraient l’existence du tombeau et c’est un homme vêtu d’un capuchon et d’une grande robe qui leur indiqua spontanément ;
- Le tombeau du cid se situe sous le ciel étoilé à la croisée du transept.
Comme elles ne comprenaient pas le sens de cette phrase il les conduisit vers une plaque de marbre rouge autour de laquelle s’agitait une nuée de petits humains avec des yeux bridés armés chacun de plusieurs appareils photos. Il les quitta en déclarant :
- Les corps du Cid et de son épouse reposent sous cette plaque en marbre.
Les petits hommes s’écartèrent respectueusement en voyant arriver les deux géantes. Celles-ci se concentrèrent pour entrer en contact avec l’âme du héros mais leurs efforts étaient perturbés par le bruit des touristes et le crépitement des flashs qui devenaient de plus en plus aveuglants. Elles étaient devenues l’attraction des visiteurs qui n’avaient jamais rencontré de femmes aussi grandes.
De plus, ils ameutaient leurs camarades qui accouraient de tous les coins de la cathédrale pour immortaliser la curiosité.
Gudrun aveuglée par l’éclat des flashs en attrapa un au hasard, le souleva de terre et hurla qu’elle voulait du silence. C’était sans doute un peuple discipliné car ils s’exécutèrent aussitôt tout en continuant à les observer avec fascination .
Brunnehilde se coucha à plat ventre sur la pierre tombale pour entendre ce que l’âme du héros essayait de lui faire comprendre et resta quelques secondes le visage collé contre le marbre.
En se relevant elle confia à Gudrun :
- Il nous a invitées à dîner ce soir dans son village.
Elles se retournèrent pour rejoindre la sortie quand elles ressentirent une vive agitation parmi les touristes japonais qui constataient qu’aucune des milliers de photos qu’ils avaient prises des géantes ne s’était imprimée dans la mémoire de leur appareil. Ils en déduisirent qu’ils avaient affaire à des déesses et ils se prosternèrent devant elles.
Estela les attendait assise sur un banc à l’entrée de l’église indifférente à toutes les splendeurs qui les entourait uniquement intéressée à examiner sous toutes les coutures son sac et ses chaussures . Elle se précipita dans leurs bras quand elle les vit et les remercia en les embrassant.
Brunnehilde lui demanda dès qu’elles furent sorties de la Cathédrale si elle pouvait les conduire ce soir à Vivar où elles étaient invitées à dîner ce qu’elle accepta tout en s’étonnant ce cette initiative
- Mais Vivar est un tout petit village de 300 habitants où il n’y a aucune activité le soir et rien à visiter dans la journée à l’exception d’un couvent et d’une vieille statue que les habitants appellent le Cid.
- Un vieil ami qui nous y attend répondit Gudrun.
Estela ne chercha pas à comprendre et regagna la voiture. Elle rangea ses cadeaux avec précaution dans le coffre et fouilla dans sa poche pour leur rendre la liasse de billets qu’elle n’avait pas dépensés.
Gudrun écarta son bras :
- C’est pour toi !
- Mais il y a encore plus de 7 000 euros s’exclama leur copine
- Et alors tant mieux ! rigola Brunnehilde.
Estela semblait si préoccupée dans la voiture que Brunnehile inquiète pour sa protégée lui en demanda la raison :
- C’est à cause de Garcia.
- Pourquoi demanda Gudrun ?
- Parce qu’il me posera des questions sur ces cadeaux et ne me croira pas si je lui dis la vérité. Il va imaginer que j’ai un amant ou je ne sais quoi.
- Et alors ? questionna Brunnehilde
- Et bien il me giflera me confisquera mes cadeaux et me prendra mon argent.
- Mais tu vis comme l’esclave d’un maître tyrannique, observa la walkyrie.
- J’espère au moins que tu as eu l’étincelle ! poursuivit Gudrun
- Quelle étincelle ?
- Et bien celle que Maurice nous a décrite, cet éclair qui te traverse et qui te rend amoureuse
- Pas du tout, reprit Estela, c’est un mariage arrangé entre les parents.
- A 18 ans j’ai réussi mon baccalauréat et j’envisageais de faire des études à la faculté de lettres et d’histoire de l’art. Mais quand j’en ai parlé à mon père il m’a avoué qu’il n’avait pas de moyens financiers pour les financer. A l’époque il travaillait encore en France.
- Le monde s’est écroulé autour de moi car je croyais qu’il sacrifiait sa vie à l’étranger pour me permettre de réaliser ce qui lui avait été refusé. Je pris conscience que son dévouement nous avait tout juste permis à ma mère et moi de vivre dans des conditions acceptables et que je devais abandonner l’idée de quitter ma condition.
- Je crois que mon père a encore plus souffert que moi de cet aveu d’impuissance et d’échec. Il savait que je le prenais pour un héros et que son image s’était brutalement effritée.
- Alors je me suis résignée et j’ai accepté la médiocrité de la vie qui m’était assignée. J’ai épousé Garcia comme les parents me l’ont proposé.
- C’était le plus beau garçon du village.
Elle hésita quelques secondes comme si elle n’avait pas le droit d’en parler puis se lâcha :
- Et le plus con.
Ajoutant :
- Et depuis quatre ans je suis à la fois sa femme de ménage et son objet sexuel !
Son récit scandalisa les walkyries qui s’exclamèrent à l’unisson :
- Mais il faut que tu le quittes !
- C’est impossible, ça ne se fait pas et puis je n’ai pas d’argent et je ne sais pas où aller.
- Nous te trouverons de l'argent pour partir et reprendre tes études, déclara Brunnehilde spontanément , nous t’offrirons la possibilité d’être libre !
- Je ne sais pas, ce que vous me proposez est tellement inattendu que je dois réfléchir. j’ignore si j’aurai la force de me libérer.
Leur conversation s’arrêta là car elles arrivaient à la ferme.
A huit heures précises elle vint les chercher à la caravane pour les conduire à Vivar. Le village n’était qu’à 7 kilomètres de Burgos et était désert quand elle les déposa sur la place centrale sous la statue du Cid. Elle devait les récupérer à 10 heures. Elle ne comprenait pas la raison de leur présence à cet endroit mais elle avait renoncé à percer le mystère de ses nouvelles copines.
Les deux walkyries se rendirent au lieu de rendez-vous prévu dans la cour du couvent des Clarisses. L’endroit paraissait désert mais les personnages sortirent des murs dès qu’elle franchirent la porte et une scène de festin médiéval se dévoila peu à peu comme si elles tiraient le rideau de l’histoire.
Des soldats casqués et armés se tenaient au garde à vous de chaque côté du patio pour leur faire une haie d’honneur, un homme et une femme les attendaient au fond sous le clocher du cloître pendant que des troubadours jouaient une musique douce et que des cuisiniers rôtissaient un sanglier et des volailles.
Les deux maîtres des lieux se dirigèrent vers elles pour les accueillir. L’homme était grand avec de longs cheveux noirs et une barbe qui dévorait son visage de fauve. Il était vêtu d’une tunique en cuir rembourrée au plastron qui descendait jusqu’à la limite de ses bottes de cavalier ainsi que d’une ceinture à laquelle était attaché le fourreau de son épée.
La femme qui le suivait était d’une grâce exquise et d’une incroyable élégance. Elle portait en long voile en mousseline blanche, retenu autour de la tête par un cercle en or, qui recouvrait les épaules d’une extraordinaire robe évasée en coton ivoire resserrée à la taille par des tresses de cuir et surmontée d’une cape en laine fine d’un rose suave.
Les deux walkyries étaient impressionnées par la majesté de couple qui avançait vers elles, lui avec son regard d’éternel vainqueur et elle avec cette fluidité de chacun de ses gestes.
Il fit les présentations :
- Je suis Don Rodrigo Diaz de Vivar.
El il s’inclina devant chacune d’entre elles en leur baisant la main avant de leur présenter sa femme Donna Chimène et de les inviter à s’assoir.
Ils étaient les seuls convives. La table était dressée avec raffinement avec des assiettes en fine porcelaine posées sur une nappe brodée éclairée par des chandeliers en argent
Leur hôte leur demanda la raison de leur présence après qu’elles se fussent assises.
Brunnehilde répondit :
- Nous venons d’un autre monde et nous sommes des walkyries c'est-à-dire de guerrières qui interviennent sur les champs de bataille pour donner la victoire aux plus héroïques et emmener au walhalla l’âme des guerriers les plus valeureux.
Le Cid l’interrompit :
- Mais pourquoi ?
- Pour former l’armée qui combattra aux côtés de nos dieux le jour de la bataille décisive contre les forces du mal que nous appelons le Ragnarok.
Rodrigo et Chimène, fascinés par leur récit, voulurent tout connaître du fonctionnement de leur univers jusqu’au moment où ils furent interrompus par le cuisinier qui leur demanda la permission de servir le dîner .
Gudrun qui était affamée clôtura la discussion en changeant de sujet :
- Et comme nous étions de passage à Burgos nous avons contacté vos âmes car nous voulions rencontrer un des plus grands guerriers de l’histoire et connaître son épopée.
Le Cid qui n’aimait rien de plus que de parler de lui poussa un soupir d’aise mais le cuisinier vint prendre la commande ;
- Sanglier grillé ou héron rôti ?
Les walkyries s’écrièrent spontanément :
- Du sanglier !
Leur réaction contraria Don Rodrigo qui leur fit remarquer :
- Chez nous la politesse veut que ce soit la maîtresse de maison qui choisisse la première.
Les deux géantes étaient confuses mais Chimène vint à leur secours :
- Ne te formalise pas mon chéri, nos invités viennent d’un autre monde et je leur pardonne.
Puis elle ajouta avec cette voix si musicale qui enchantait les walkyries :
- Je prendrai du héron.
Rodrigo et les deux walkyries dévorèrent leur part de sanglier pendant que Chimène dégustait son assiette de Héron. Le repas était arrosé d’un vin rouge servi frais .
La soirée était enchanteresse. Les troubadours jouaient des mélodies douces, un vent léger diffusait le parfum des fleurs sauvages et la lumière des bougies dansait sur les visages des convives.
Son repas terminé le Cid prit la parole :
- Je vais vous raconter ma vie, puisque vous êtes venues pour ça.
Il se servit un grand verre de vin et débuta son récit :
- Je suis né à Vivar en 1043 et je suis le fils de Diego Lainez, chevalier de petite aristocratie qui possédait un château et qui était vassal du roi Ferdinand Ier. J’avais 15 ans lorsque mon père est mort et que ma mère m’a envoyé à la Cour du roi où je me suis lié d’amitié avec son fils aîné, Sanche, qui est devenu souverain de Castille en 1065.
- J’avais 22 ans et j’ai servi mon roi et ami comme chef de son armée que j’ai menée à la victoire dans d’innombrables batailles contre les Maures mais aussi contre ses ennemis chrétiens pendant 7 ans .
- Pourquoi seulement pendant 7 ans ? l’interrompit Brunnehilde.
Quelques larmes perlèrent sur le visage du guerrier :
- Parce qu’il a été assassiné sans doute par son frère ennemi Alphonse VI qui lui a succédé.
- Mais tu l’as vengé ! s’exclama Gudrun
Le Cid répondit quelque peu dépité :
- Pas tout de suite car je n’avais que des soupçons et puis il a acheté mon coeur.
Les deux walkyries reprirent ensemble :
- Acheter ton coeur ?
Rodrigo afficha un large sourire :
- Je veux dire qu’il m’a offert mon rêve d’amour.
Les deux filles se regardèrent d’un air entendu à l’évocation de cette phrase car elles avaient plus que jamais envie de rencontrer ce rêve.
Il se tourna vers elle avec tendresse :
- C’est une longue histoire d’amour qui dure depuis dix siècles. Elle est arrivée à la cour de Castille en 1070. J’avais 27 ans et elle en avait 15. C’était une grande aristocrate, fille du comte d’Oviedo, un des hommes les plus puissants du pays et la nièce d’Alphonse, le frère félon de Sanche, qui l’avait fait venir au palais pour lui trouver un mari susceptible de favoriser sa politique d’alliances. Je me souviens encore aujourd’hui de la première fois où je l’ai vue. Elle se promenait avec ses cousines dans les jardins . Sa voix était musicale et sa démarche si légère qu’elle volait dans les allées de fleurs. Nos regards se sont croisés et j’ai instantanément compris que ma vie avait changé et qu’un rêve s’était gravé dans mon cerveau. ;
- Ah ce fameux rêve, soupira Brunnehilde
Don Rodrigo n’accorda pas d’attention à cette réflexion et poursuivit son monologue :
- Malheureusement aucun espoir de l’épouser ne m’était permis car j’étais de petite noblesse, vassal du roi, alors qu’elle était une aristocrate de haut rang dont le destin était d’épouser un grand du royaume. Cependant quand je retournais au palais après une bataille, je me précipitais dans ce jardin où je savais qu’elle m’attendait. Nous parlions ensemble pendant des heures mais nos paroles n’avaient aucune importance si ce n’est de permettre notre rencontre, de nous assoir côte à côte, de nous effleurer et de parler avec nos yeux. Et puis, nous nous sommes avoués nos sentiments réciproques.
- Je me souviens dans les détails de ce moment, l’interrompit Chimène. Il revenait d’une bataille meurtrière contre les Maures et je guettais son arrivée à une fenêtre du château. Je l’ai vu entrer dans la cour du palais à la tête de son armée ruisselant de sang et auréolé de gloire et je me suis précipitée dans le jardin où nous nous rencontrions. Je l’ai attendu de longues minutes et me suis liquéfiée de bonheur quand il est arrivé. Je me suis spontanément jetée dans ses bras mais il m’a repoussée doucement et tendrement.
Rodrigo reprit la parole pour s’expliquer :
- J’avais parlé de mon attirance pour Chimène au roi Sanche. II qui m’avait répondu “L’ami que je suis accepterait ta demande avec joie mais le roi que je suis devenu doit te la refuser car je négocie un accord de paix avec le comte de Barcelone et un mariage entre Chimène et son fils scellerait notre alliance.”
- Alors que s’est il passé ! demandèrent les deux géantes fascinées comme des midinettes par cette histoire d’amour
Chimène poursuivit le récit :
- Le roi m’a présenté l’époux qu’il m’avait choisi. C’était un fat prétentieux qui se prenait pour ce qu’il n’était pas, ne parlait que des intrigues de la cour de Barcelone et cherchait partout des miroirs pour s’admirer. Je me suis montrée très désagréable en me moquant de lui et il est reparti en se plaignant au roi de mon attitude .
- Celui-ci m'a convoqué dans la journée. Il était en furie quand il s’est adressé à moi :
Je ne te laisserai pas entraver une de mes plus grandes réussites diplomatiques
- J’organise une nouvelle rencontre et j’exige que tu te montres charmante avec l’époux que je t’ai choisi sinon je t’envoie au couvent.
Et qu’avez-vous répondu l’interrompit Gudrun :
- Je lui ai dit que j’irai au couvent.
Les deux walkyries se regardèrent admiratives.
Rodrigo reprit le fil du récit :
- Cette deuxième rencontre n’eut jamais lieu car le roi Sanche II fut assassiné en 1072 sans doute à l’initiative de son frère Alphonse VI. J’ai porté moi-même le corps de mon ami Sanche lors de ses funérailles et j’avais l’intention de le venger aussitôt que j’aurai les preuves de l’implication d’Alphonse.
- Mais dès son accession au trône celui-ci fut attaqué de toutes parts par ses voisins qui profitaient de sa faiblesse pour tenter de dépecer le territoire royal. Il avait besoin de moi pour mener son armée.
- Il me convoqua une semaine après l’enterrement me demanda de rester à la tête de l’armée en m’offrant une fortune et un titre de grand du royaume mais ses propositions ne m’intéressaient pas.
Ce fut le moment le plus décisif de ma vie. Je renonçai à ma vengeance et pris le parti du cœur en répondant : « Je veux Chimène ». Il accepta et je remportai ma plus belle victoire.
Il s’empara tendrement de la main de sa femme et précisa :
- Depuis nous ne nous sommes plus quittés
La lumière chancelait et les bougies étaient presque consumées.
Rodrigo s’en aperçut :
- Notre temps expire et j’avais encore beaucoup de choses vous dire, mais je vous ai raconté le principal ; une histoire d’amour qui a traversé l’histoire.
Un vent léger souffla les flammes des bougies et tous les personnages s’évanouirent.
Quelques instants plus tard, les phares de la voiture d’Estela éclairèrent l’entrée du village.
Elle les récupéra sans poser de questions.
Comme elle avait toujours cet air inquiet, Gudrun devina qu’elle n’avait pas encore parlé de ses cadeaux à Garcia et lui posa la question.
Elle lui répondit qu’elle lui annoncerait en rentrant.




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